Projet RAP en 1ST2S
Créer un morceau de rap pour aborder les sujets de santé publique et de politiques sociales en cours de sciences sanitaires et sociales ? C’est le chouette projet d’une classe de première au lycée la Colinière, à Nantes.
Sur l’écran, des images du Bronx dans les années 1970. Pauvreté, drogue, ghetto… Des photos de block parties, ces fêtes où des DJ mixaient au milieu du quartier.
Sur l’écran, des images du Bronx dans les années 1970. Pauvreté, drogue, ghetto… Des photos de block parties, ces fêtes où des DJ mixaient au milieu du quartier.
« Le 13 juillet 1977, ça vous dit quelque chose ? », demande JM, du groupe Alkamy. Visages interrogatifs dans la classe. « Un black-out total à New York, explique l’artiste. Il n’y a plus d’alarme dans les magasins. Certains sont allés se servir dans les boutiques d’instruments de musique. Ils ont pu pratiquer. Voilà comment le hip-hop a pu s’étendre. »
Contexte historique et social, anecdotes, dates marquantes… Ce vendredi matin 8 avril, on parle beatbox, breakdance, DJ et MC… Pas banal le cours de sciences et techniques sanitaires et sociales pour ces élèves de première, au lycée la Colinière, à Nantes !
Après un petit panorama sur les origines du hip-hop et ses différentes branches, place à la pratique. « On va commencer l’instru sur laquelle vous poserez vos voix, invite JM. D’abord le rythme, ensuite la mélodie. Le but, ça va être de s’amuser. » Samir, un des élèves se lance. « Parfait, t’es fort, toi ! », plaisante le prof d’un jour.
Chacun s’essaie à reproduire ton et tempo donnés par JM. L’ambiance est détendue, chaleureuse. Allure cool, expressions imagées, JM sait y faire pour mettre à l’aise. « Un autre cobaye ? », plaisante-t-il. Matéo, Ambre, M’Bemba se succèdent au clavier électronique. Et se débrouillent plutôt pas mal. C’est bon pour la musique. À la prochaine séance, la classe passera à l’écriture des paroles.
Un portrait social de la France en rappant
À l’origine du projet, Charlotte Poszwa, professeure de sciences et techniques sanitaires et sociales. « Les questions de santé publique et de politiques sociales font partie du programme, dit-elle. L’idée, c’est d’élaborer un rap conscient en référence à notre programme où nous évoquons des problèmes sociaux. »
Le rap est venu comme une évidence. « C’est une génération bercée par ce mouvement, observe l’enseignante. J’ai envie qu’ils apprennent avec quelque chose qui leur parle, qu’ils prennent possession de ce cours-là. »
Chacun s’essaie à reproduire ton et tempo donnés par JM. L’ambiance est détendue, chaleureuse. Allure cool, expressions imagées, JM sait y faire pour mettre à l’aise. « Un autre cobaye ? », plaisante-t-il. Matéo, Ambre, M’Bemba se succèdent au clavier électronique. Et se débrouillent plutôt pas mal. C’est bon pour la musique. À la prochaine séance, la classe passera à l’écriture des paroles.
En amont de l’écriture des textes, la professeure a fait travailler les élèves sur plusieurs thématiques : les violences conjugales, l’homophobie, le racisme, le mal-logement. Leurs exposés sur ces sujets leur donneront de la matière pour leur morceau de rap. Objectif : un portrait social de la France en rappant.
« Certains ont un rapport complexe à la sélection des infos et à l’écriture, souligne Charlotte Poszwa. Là, c’est un moyen détourné d’écrire avec plaisir et de se renseigner sur un sujet de façon plus ludique. » Un moyen aussi de les préparer au grand oral, épreuve qu’ils passeront l’an prochain pour le bac. « Travailler son élocution, poser sa voix, détaille la prof. J’ai mené ce projet l’an dernier avec d’autres élèves. Ils ont gagné en assurance à l’oral. »
« Vous allez voir, vous allez faire quelque chose qui déchire », leur promet JM, à la fin de la séance. Enzo, passionné de rap, qui écrit des textes depuis ses 12 ans, a du mal à quitter la salle. « J’ai jamais été aussi attentif à un cours, avoue-t-il. J’ai appris plein de choses. » Il savoure encore : « C’était grave intéressant. »